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L a cabine quarante-et-une. Raymond Béluchard n'était pas le genre d'homme dont le visage attirait l'attention. Solide gros gaillard de plus de cent vingt kilos, endimanché chaque jour d'un complet en velours foncé et le crâne gras hermétiquement masqué sous un haut de form e noir, cet homme aux comportements familiers pour ne pas dire sans grand raffinement n'en cachait pas moins une enviable réussite dans les affaires du commerce. Il était devenu en deux décennies à peine le propriétaire d'une fructueuse société d'import et de vente au détails de thés venus des contrées orientales. La Belle Epoque avait vu Raymond Béluchard s'embourgeoiser et devenir au fil des ans l'une des grandes fortunes de la région lyonnaise. Une fortune dont il gardait jalousement secret tout indice qui permettrait d'en estimer la valeur exacte. A n'en point douter craignait-il que l'on s'en prenne à ses biens, serait-ce les plus modiques. Car pour cet homme ...