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La morte du ruisseau

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D 'un battement d'aile, lourd et rapide, Une tourterelle, près de l'eau limpide, Vole entre les branches sèches et sombres, Fuit le ruisseau à l'approche de mon ombre, D'aucun ne pourrait voir, en ce lieu si mort, Encore moins avoir, à raison ou à tort, La profonde mélancolie qui m'invite, A revenir aujourd'hui suivre mon rite, Cette rivière, d'un calme funeste, Est la première, il est manifeste, A suggérer en moi, chaque jour depuis lors, Un si flagrant émoi, plus merveilleux que l'or, Si comme Narcisse, contemplant son reflet, Et qu'il ne choisisse, de s'admirer de près, Je pouvais me contenter de mon visage, Ainsi laisser mes pensées demeurer sages, M ais le triste destin, la chaîne solide, Est comme un lien, et le plus morbide, Chaque jour je reviens et je t'appelle, Ce n'est pas pour rien car tu es si belle, Une beauté figée, douce enivrante, Mon âme piégée, en sera souffrant

Métamorphose transatlantique

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  Aussi mystérieux que la disparition du Titanic        D es plus grands navires connus et ayant écumé les mers nous retenons sans conteste le Titanic, tristement célèbre pour son naufrage dans les eaux de l'Atlantique Nord en 1912, année de son lancement. Nous connaissons nettement moins l'histoire de ces deux (presque) jumeaux construits par les chantiers navals Harland & Wolff : Le Britannic et l'Olympic. Si le premier cité fût réquisitionné par la Royal Navy à l'orée de la Première Guerre mondiale et cantonné au rôle de navire hôpital avant de couler après avoir heurté une mine allemande, le second, quant à lui, récolta les lauriers d'une longue carrière commerciale. Ce fleuron des paquebots inauguré en 1911 naviguera jusqu'en 1937 où il sera démantelé en Ecosse. Tout de ce prestigieux bâtiment sera découpé, décarcassé et désossé pour que chaque lampe de table, chaque commande de timonerie ou encore chaque lambris de bois habillant les cloisons du bar s

La vouivre du bois Saint Martin

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  Connaissez-vous la légende de la vouivre ?         E n tous temps et sans doute en toutes régions du globe les serpents ont exercé une emprise sans pareil sur les angoisses du genre humain. Devenant tour à tour tentateur du jardin d'Eden pour la tradition judaïque, mangeur de soleil pour l'Egypte ancienne ou tueur de divinités pour la mythologie germano-scandinave. Le folklore celtique à quant à lui baigné durant plusieurs siècles tout le territoire de la Gaule ancienne de légendes reptiliennes et nous a laissé une emprunte indélébile restée tout aussi fascinante de nos jours. Une emprunte cristallisée à travers les traits de la vouivre. La vouivre a sans nul doute vu sa légende parcourir les âges depuis l'antiquité jusqu'à aujourd'hui où elle demeure fermement ancrée dans les régions les plus rurales, terrains fertiles à la préservation de l'Etrange. De nombreux ouvrages du moyen âge ont ainsi traité de la vouivre laissant imaginer aux moins savants qu

Don de crypto vision

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  Le don de voir l'invisible       D ans le monde de l'étrange les témoins qui relatent les expériences fantastiques qu'ils ont pu vivre par la seule voie orale sont tout aussi bien reçus comme des privilégiés que jugés comme des colporteurs de ragots fumeux. Dans ce même monde les témoins qui auraient en revanche l'opportunité d'étayer leurs dires par des clichés photographiques sont invités tels les princes de contrées éloignées à venir conter leurs aventures merveilleuses sous les regards émerveillés et les oreilles tendues des curieux qui ne sauraient satisfaire leur soif de connaissance et leur appétence pour l'irrationnel et le fantasque, puissant stimulant cardiaque si tenté que votre palpitant est bien accroché. Curieuse parmi les curieux, Lady Pelford avait pour habitude au tout début du 20ème siècle de percevoir ce que les autres ne savaient voir. Elle nourrissait ainsi, disait elle, une capacité étonnante lui accordant une vision au-delà de la réa

Vaisseau fantôme

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        C omme vous l'aurez sans doute compris, chers lecteurs, après avoir lu quelques uns de mes articles ici publiés, je me passionne pour les vieux magazines britanniques. Tout du moins pour ceux qui auront eu l'audace, dans le courant sérieux et rigide du 19ème siècle, de mettre en lumière la plume piquante d'auteurs spécialisés dans l'Etrange. L'un de ces magazines d'époque, bien simplement surnommé Maga, fût le Blackwood's Edinburgh Magazine, imprimé entre 1817 et 1980. Si les toutes premières années de publication du journal satirique sont délicates et que celui-ci peine à trouver un public fidèle, c'est à la parution d'un certain article rédigé en 1821 et signé anonymement que le succès se fera ressentir. Les pays-bas étaient à l'aube du 17ème siècle la première nation commerciale maritime au monde. La compagnie néerlandaise des indes orientales préfère établir des plans de navigation à destination de l'Asie et de l'océan in

La plante de Battlehill

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Botanique de l'horreur         L 'Ecosse est un pays sculpté dans le matériau brut des légendes anciennes et du folklore coloré. En toute époque, semble-t-il, ces régions du nord de l'Europe ont baigné dans les histoires fantastiques dont certaines ont fait écho dans toute la Grande-Bretagne. Il y a quelques années j'avais pu mettre la main lors d'une vente aux enchères peu onéreuse (très certainement du fait de la relativité évidente des trésors annoncés) sur un exemplaire de The Punch, périodique britannique orienté presse à scandale et spécialisé également dans l'étrange qui officia de la fin du 19ème au tout début du 21ème siècle. Cette publication de 1917 m'intéressait au plus haut point. Pas tant pour ses caricatures ciblant les acteurs politiques de la Grande Guerre que pour l'article en pages 7,8 et 9 du journaliste Carter Abrahams qui écrivit en ce mois de novembre le récit d'un bourgeois écossais dont le nom ébranla rapidement le Royaume-Un

Beauté de cire

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    Un mannequin dans le grenier        U ne visite le mois dernier au musée Grèvin m'a rappelé le souvenir d'une lecture d'article que l'on pourrait qualifier de marquante, sinon tout du moins particulière.        Au début des années 1910, dans une commune cossue de la région parisienne, s'était installée la famille Pellegrand dont le patriarche avait fait l'acquisition d'un petit hôtel particulier envié de tout le voisinage. Maurice Pellegrand, homme froid et rigide, avait fait fortune dans le négoce de spiritueux et, se laissant porter par un succès fleurissant, avait acheté dans la pierre pour offrir aux siens un rang qu'il voulait le plus clinquant possible. Son épouse, Bernadette, n'avait pas mis longtemps avant de convier décorateurs et artisans afin de remodeler cette construction d'un autre âge en maison de riches bourgeois. Elle n'avait, pour ainsi dire, que faire du style et de l'esthétisme qui serait mis en œuvre tant que ses

Amour figé

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  Un portrait de femme chez soi       E n 1880 alors que l'Europe entrait dans ce que l'on appellera par la suite la Belle Époque, le monde des Arts se voyait bouleversé par deux évolutions majeures. La première fut sans conteste l'éclosion du mouvement dit abstrait, point de départ d'une créativité artistique particulièrement libre dont découlera une nouvelle manière de ressentir la peinture. La seconde fut quant à elle la démocratisation de la photographie qui, se faisant une place de choix dans le monde moderne, tira vers le bas le pouvoir des Arts d'antan. Entre abstrait et photographie, le glas ne tarda pas à sonner pour la peinture classique et en particulier la catégorie du portrait sur toile que les clients aisés avaient pour habitude de commander aux artistes afin d'immortaliser les glorieux visages de leurs arbres généalogiques. Ces jeunes artistes devinrent rapidement victimes de réputations peu avantageuses de jeunes hommes chevelus, mal hab